Votre séjour à Jaipur, la ville rose, lors d’un voyage au Rajasthan (Inde du Nord) avec Rencontres au bout du monde
Présentation de Jaipur, la ville rose, capitale de l’Etat du Rajasthan.
Imaginons le cadre…
Le jardin de votre hôtel, ancien Haveli, demeure d’une famille héritière de princes et de maharajas…
Paons hurlants, écureuils par dizaines, hordes de singes, perruches d’un vert qui semble artificiel, ronflements des climatiseurs, et au loin, la rumeur et les klaxons de la ville.
Stands de nourriture, marchés de fruits et légumes produits aux alentours, foule, musique, lumières, un immense « shopping center » à côté de la New Gate, une scène dressée, musiciens (tabla, sitar, harmonium, un chanteur gominé en chemise rose)… une foule immense assise à même le sol au pied de la scène, les familles aux fenêtres des étages pour observer le spectacle…
Et puis, en période de mousson, de juillet à septembre, des averses rares mais intenses dans cette région semi-désertique de Jaipur, la boue… Partout, de grosses flaques (certains s’y enfoncent jusqu’aux genoux) entre lesquelles il nous est toujours difficile de frayer son chemin sans patauger, stigmates du gros coup de mousson de l’après-midi. Atmosphère chaude et moite, mais déjà bien plus supportable qu’en mai ou juin, les seuls mois à éviter pour visiter Jaipur et voyager au Rajasthan.
Une mosquée déserte investie par quelques vaches sacrées en liberté, des temples hindouistes à chaque détour de rue, tous illuminés comme des sapins de Noël, et des monuments,… des monuments partout, des palais, des havelis, témoignant de l’incroyable richesse des temps anciens, des découvertes sans fin en suivant le guide francophone de Rencontres au bout du monde, natif de cette ville, littéralement amoureux de ce joyau dont il nous livre les secrets lors de notre séjour à Jaipur.
Devant le cinéma Raj Mandir, temple des films made in Bollywood, grand bâtiment rococo aux néons verts et rouge, qui fût, en son temps, la plus grande salle d’Asie, des nuées de deux roues bourdonnant au milieu d’une circulation hétéroclite, et les chauffeurs des « Jaipur helicopters« , les fameux auto-rickshaw, ou « tuk tuk », triporteurs motorisés, nous interpellent dans un anglais approximatif : « What is my name ? What is my country, Sir ? Rickshaw ! Helicopter ! No how much ! No pay ! « .
Il n’est pas rare non plus de croiser un éléphant et son cornac lui ordonnant d’en haut de presser le pas au milieu de la circulation dont les règles échapperont toujours à nos esprits occidentaux…
Même en pleine nuit, sortant de l’ombre de temps à autres, des femmes en sari colorés, silhouettes fantomatiques, des restaurants de rue, huiles fumantes dans laquelle rissole de succulentes pakoras (beignets végétariens), grosses marmites en aluminium, tandoori chicken et merveilleux naans (pains ronds de farine de blé levée, originaire d’Asie Centrale, cuits à même la paroi d’un tandoor, un four en terre cuite en forme de vase, grandes tablées ou les mains droites s’affairent à ramasser daal (plat de lentilles) et autres mix vegetables huileux à l’aide de chapatis (galettes de blé) cuits à même la flamme.
Non, nous ne rêvons pas…
A 250 km de Delhi, nous sommes bien à Jaipur, la ville rose (« Pink City »), capitale de l’Etat du Rajasthan.
Découvrir Jaipur et sa région :
Jaipur, capitale du Rajasthan : toute une histoire !
Jaipur la ville rose : pourquoi Jaipur est-elle rose ?
Que voir, que faire lors d’un séjour à Jaipur et aux alentours ?
- Le Palais des vents (Hawa Mahal) : un palais sans palais.
- Le City Palace
- L’observatoire astronomique de Jaipur, Jantar Mantar
- Le Fort de Amber
- Les Cénotaphes de Gaitor : tombeaux des reines et des rois
- Le Temple des singes (Galtaji Mandir)
- L’Albert Hall Central Museum
La vie de tous les jours à Jaipur
- Nourriture indienne et restaurants : les saveurs du Rajasthan
- Le chai, une boisson traditionnelle
- Shopping : bazars et marchés
- Jaipur : capitale mondiale des pierres précieuses
- Les miniatures du Rajasthan
- Les marionnettes du Kathpuli
- Danses et musique traditionnelles du Rajasthan
- Le système des castes
Jaipur, capitale du Rajasthan : toute une histoire !
C’est en 1727 que le maharaja Sawai Jai Singh II (1688-1743), prince aux origines mythiques, fonda la cité de Jaipur qui fut inaugurée avec le faste et l’extravagance que l’on imagine en 1733. Jusqu’à cette époque, la cour résidait dans le somptueux Palais de Amber, que nous visitons encore aujourd’hui, à quelques encablures du centre-ville. Jai Singh II tenait, par ce projet, à démontrer sa puissance en concevant lui-même une ville harmonieuse où il fait bon vivre. Doté d’un esprit très scientifique, il s’inspira à la fois de l’urbanisme occidental avec une organisation en damier de rues parallèles et perpendiculaires aux dimensions très calculées, et des principes les plus anciens de l’architecture de l’Inde. Ceinte de 10 kilomètres d’un rempart presque entièrement conservé et intact jusqu’aujourd’hui, et de ses 7 portes (pol ) monumentales, la ville de Jaipur était conçue pour devenir, déjà à cette époque, la capitale de tous les Rajpoutes…, mais elle dû attendre beaucoup plus tard, plus de deux siècles, pour devenir, quelques mois après la déclaration d’indépendance de l’Inde, la capitale du Rajasthan, en 1948.
Jaipur : pourquoi est-elle appelée « la ville rose » ?
150 ans après la fondation de Jaipur par Jai Singh II, c’est son petit-fils, Ram Singh II (1835 – 1880), également connu sous le nom de « Ram le grand », devenu maharaja de Jaipur dès sa naissance, qui eut soudainement l’idée folle de faire peindre toutes les façades de sa ville en rose-saumon clair, ornementées de motifs blancs, pour impressionner le futur roi d’Angleterre en visite dans la région en 1876. Lors de notre voyage au Rajasthan, nous admirons cette étonnante tradition qui, devenue règlementaire, perdure encore aujourd’hui dans tout le centre-ville de Jaipur.
Que voir, que faire à Jaipur et aux alentours ?
Principales visites historiques à Jaipur : les témoins de l’histoire du Rajasthan
De toutes les découvertes que nous faisons lors d’un voyage en Inde du Nord avec Rencontres au bout du monde, Jaipur, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2019, est sans doute l’une des plus marquantes et des plus intéressantes. Chaque palais de maharaja, chaque temple, chaque tombeau… nous raconte sa petite part de l’incroyable histoire du Pays des rois de l’Inde du Nord.
Le Palais des vents (Hawa Mahal) : un palais sans palais.
Véritable et unique curiosité emblématique de la ville de Jaipur, la somptueuse façade du Palais des vents de Jaipur, percée de moucharabiehs aux multiples dimensions, nous donne l’illusion d’un véritable palais rajpoute. Et pourtant… situé en plein cœur de la vieille ville, il ne s’agit là que d’une sorte de décor ajouré, puisque de palais il n’y a pas. Cette simple façade, très fine, avait été conçue pour que les femmes de la noblesse locale puissent « voir sans être vues », lors des fêtes et cérémonies qui se déroulaient dans la large avenue principale de Jaipur. Il est possible de s’imaginer au temps des maharajas en empruntant les couloirs et escaliers de l’envers du décor, qui mènent au sommet et nous dévoilent une très belle vue sur les toits de la ville.
Le City Palace
Un ensemble de constructions conçues par Jai Singh II en plein centre de sa ville, devenu de nos jours un musée présentant une impressionnante collection d’objets de l’époque des maharajas : armes, photos des débuts de la photographie, costumes, tapis persans et autres textiles, miniatures rajpoutes…
L’observatoire astronomique de Jaipur, Jantar Mantar
Jai Singh II, passionné d’astrologie, fit construire 5 observatoires dans le Nord de l’Inde afin d’y effectuer ses propres observations. Pionnier en la matière, celui de Jaipur, fut construit en 1726. Nous y découvrons un ensemble d’instruments monumentaux destinés à l’observation des astres, et à diverses mesures.
Le Fort de Amber
Ancienne capitale, le village de Amber est surplombé par un immense et magnifique palais-forteresse situé sur les hauteurs, à une dizaine de kilomètres de la ville de Jaipur. Sa visite est un incontournable lors d’un voyage au Rajasthan.
C’est à la fin du 16è siècle que Man Singh, le commandant rajpoute de l’armée du Grand Moghol, Akbar, alors basé à Fatehpur Sikri, débuta la construction de cet ensemble de fortifications stratégiques sur les collines bordant d’Est en Ouest tout le Nord de la ville, protégeant ainsi la cité de toute invasion.
Extraordinaire exemple de la fusion entre architectures moghole et rajpoute, jardin suspendu en terrasse dominant un lac, palais, et forteresse… nous permettent encore d’imaginer la vie à l’intérieur de cet ensemble telle qu’elle se déroulait au 16è siècle. Parmi les différentes constructions existantes au sein de ce complexe architectural, on remarquera la Cour d’honneur, la salle des audiences publiques, le temple Siladevi, la salle du Conseil Royal, la Ganesh Pol, le Jai Mandir (Hall de la victoire) aux magnifiques plafonds couverts de miroirs, ou encore le Zenana (appartements des femmes du Maharaja).
Les Cénotaphes de Gaitor : tombeaux des reines et des rois
Sur la route qui mène à Amber, notre guide francophone nous arrête pour la visite des cénotaphes. Dans cet endroit bien moins fréquenté par les touristes, plusieurs tombeaux de marbre blanc finement sculptés composent un ensemble paisible et reposant.
Le Temple des singes (Galtaji Mandir)
Hors de sentiers battus car très peu connu des touristes souvent trop pressés pour prendre le temps de s’écarter des foules, cet ancien lieu de pèlerinage hindou se compose d’une série de temples construits dans une étroite vallée envahie par les singes, qui s’enfonce entre les collines entourant la ville de Jaipur. Une source naturelle émerge du haut de ces collines, remplissant une succession de réservoirs sacrés dans lesquels les pèlerins font leurs ablutions. Un lieu à ne pas manquer, lorsque le soleil descend sur l’horizon, lors de votre séjour à Jaipur.
L’Albert Hall Central Museum
Achevé en 1887, situé de nos jours au centre d’une grande place circulaire à quelques centaines de mètres des remparts de la vielle ville de Jaipur, c’est plus la découverte extérieure de cet étonnant bâtiment de style indo-anglais devant lequel la jeunesse indienne aime à se faire photographier, que ses collections intérieures qui attireront notre curiosité.
La vie de tous les jours à Jaipur
Nourriture indienne et restaurants : les saveurs du Rajasthan
« Elles sont la cardamome, cette graine à peau dure, et lorsqu’on la croque, elle répand une odeur de menthe et de poivre. Elles sont le melon, qui pousse sur le sable et offre à qui le fend son eau sucrée. Elles sont le fenugrec, le piment, le safran, la feuille de bétel, l’or et l’argent qu’on suce, elles sont les épices qu’on mélange au miel. Et elles sont le ciel qui tombe sur la terre quand le soleil se couche, brutalement. »
(Catherine Clément, « Les filles de Mirabai ». Editions de La Martinière)
Thali, tandoori, naan, chapati, daal, masala, raita… des noms de mets savoureux qui résonnent autant à nos oreilles qu’à nos papilles. Végétariens ou pas, nous les retrouvons partout dans le sous-continent indien, mais chaque région y apporte sa touche « locale ». Lors de notre voyage au Rajasthan, que ce soit assis à même le sol chez l’habitant dans un village isolé, au milieu de la foule bruyante dans un restaurant de rue (« dhaba »), ou même dans le restaurant chic d’un grand hôtel, nous apprécions les dizaines de plats parfumés qui nous sont proposés.
Le chai : une boisson traditionnelle
Premier pays producteur de thé devant la Chine avec 900 000 tonnes produites chaque année soit 30% de la production mondiale, ce n’est qu’au milieu du 19è siècle que l’Inde a réellement commencé à s’y intéresser. 80% de la production de thé en inde est consommée par les indiens eux-mêmes, mais les meilleurs crus restent pour la plupart réservés à l’exportation. En Inde, il nous est plus souvent et par défaut proposé de le boire bouilli dans du lait sucré (chai), et souvent délicatement épicé de cannelle, gingembre, et cardamome (masala chai). Pour se voir servir un thé nature (black chai ou kali chai), à Jaipur comme dans toute l’Inde, il faut le préciser !
Shopping : bazars et marchés
D’origine persane, le mot bazar (baazar en hindi) désigne tout type de marché : alimentation et épices, habillement, turbans multicolores, saris et autres textiles, chaussures et maroquinerie, ustensiles, bijoux, ornements et pierres précieuses, artisanat, objets décoratifs, articles de fête… L’Inde déclenche chez le touriste étranger une envie de tout acheter à laquelle il est bien difficile de résister. Le centre-ville de Jaipur est composé d’immenses bazars (Johari Bazar, Tripolia Bazar, Gangauri Bazar…), bruyants et colorés, où les habitants de Jaipur prennent le temps de s’attarder dans les milliers d’échoppes de part et d’autres des ruelles et des avenues.
Jaipur : capitale mondiale des pierres précieuses
Lors de votre voyage au Rajasthan, nous sommes éblouis par les parures dorées ou argentées, parfois très lourdes, ornées de pierres précieuses ou semi-précieuses, dont se couvrent littéralement les femmes, quelle que soit leur condition sociale. A la fois signe extérieur de richesse, placement financier, et accessoire de superstition, les bijoux sont sans conteste la première spécialité de Jaipur. Joailliers et orfèvres sont ici de véritables artistes, experts dans la taille des pierres précieuses et semi-précieuses venues d’Afghanistan et du Pakistan, d’Himalaya, ou parfois de bien plus loin, Amérique Latine et Afrique du Sud. Devenue industrie à l’échelle mondiale, faisant appel aux technologies les plus sophistiquées, la joaillerie fait aujourd’hui tout autant partie du patrimoine que du développement économique de la ville. Les arnaques sont nombreuses lorsque l’on est un touriste profane en matière de pierres précieuses, mais notre guide francophone veille et ses conseils nous seront tout aussi précieux !
Les miniatures
Des chroniques mythiques du Ramayana ou du Mahabharata, aux épopées guerrières des moghols et des maharajas, en passant par les scènes de la vie rurale et le Kamasutra, les fameuses miniatures de style rajpoute et moghol racontent l’histoire et les croyances par l’image avec une fascinante finesse de réalisation. On en trouve de toutes dimensions et à tous les prix, selon la qualité et l’authenticité (lorsqu’il s’agit d’antiquités), et il s’agit ici d’un art populaire enseigné dans des écoles spécialisées.
Les marionnettes du Kathpuli
A l’origine destiné à la distraction de la cour des princes du Rajasthan, cet art devenu populaire des marionnettes à fils s’est perpétuée depuis le 8è siècle de génération en génération. Souvent accompagnés par des musiciens traditionnels, chanteurs, et parfois danseurs, les spectacles de Kathpuli s’inspirent autant de la vie quotidienne que de scènes historiques, pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Confectionnées pour leur corps de chiffons colorés ornés de fils dorés, et pour leur tête en bois sculpté et peint, elles recréent sous nos yeux un imaginaire poétique et enchanteur.
Danses et musique traditionnelles du Rajasthan
Du Nord au Sud, la danse et la musique en Inde sont des arts aux codes très complexes, envoûtants, et de haute portée symbolique. Au Rajasthan, ils se sont surtout développés au sein des populations tribales des régions désertiques et semi-désertiques, et il n’est pas rare, lors d’un séjour chez l’habitant avec Rencontres au bout du monde, que nos hôtes invitent quelques musiciens et danseurs à nous rejoindre.
Danseuses de Kathak, de Ghoomar, ou de Kalbelia (une danse déclarée patrimoine immatériel par l’UNESCO), se produisent aujourd’hui dans le monde entier, élevant l’art de la danse du Rajasthan à un niveau universel, évoluant vers des formes nouvelles et créatives.
Il en va de même pour la musique et les chants traditionnels du Rajasthan.
Le Rajasthan est l’un des États de l’Inde abritant plusieurs centres importants de développement musical dont Jaipur est l’un des plus importants. La musique rajasthani, très populaire et écoutée dans le monde entier, présente des similitudes avec celle de régions voisines, jusqu’à la province pakistanaise du Sindh. Rituels de mariage, chants dévotionnels et méditatifs, récits épiques, chansons d’amour, célébration des changements de saison (comme l’arrivée de la mousson) sont accompagnés par de multiples et étonnants instruments à l’aspect parfois primitif, à vent, à cordes, ou à percussion.
Le système des castes
L’un des premiers actes du gouvernement indien indépendant fut de décréter dans sa constitution l’abolition de l’ « intouchabilité » et de rendre illégal tout acte de discrimination par la caste. Un véritable bouleversement dans cette société aux codes millénaires, intimement liés à des croyances religieuses liées aux principes de pureté et si profondément ancrées dans les esprits.
A l’origine (très ancienne) divisée en 3 puis 4 catégories (« varna »), la population se stratifia avec le temps en plusieurs milliers de sous-castes (« jati »), accentuant les phénomènes de discrimination en fonction d’un niveau de pureté souvent en lien avec une « profession » transmise de génération en génération, chacune avec ses propres coutumes, interdits, et pratiques rituelles.
Cependant, même si les institutions se sont organisées depuis la déclaration d’indépendance de l’Inde en 1947, notamment en appliquant le principe de discrimination positive à tous les échelons de la société civile, politique, et militaire, il faudra encore des générations pour qu’une telle législation puisse avoir un impact sur les relations privées des indiens entre eux : dans la croyance hindoue, il s’agit d’un statut de naissance lié au cycle des réincarnations, principe irréversible et non négociable.
Patrick Wasserman
Crédit photo : Semaryp, D. Verneuil, P. Wasserman, J.P. Dalbéra avec nos remerciements.